III-Les moyens de lutte contre le cancer du col de l'utérus

III-LES MOYENS DE LUTTE


1-Le dépistage

Comme vu plus haut dans les généralités, le cancer du col de l'utérus est un cancer qui évolue selon des étapes. Le dépistage systématique et fréquent est donc un moyen de savoir si le mal est malin ou bénin, et intervenir le plus vite possible pour éviter d'en arriver à de grave conséquence .Afin de diagnostiquer la patiente, on réalise préliminairement un frottis ou un test de Schiller. Pour ensuite faire une biopsie, si la patiente s'avère détentrice de cellules cancérigènes.

        



a)Le Frottis cervico-vaginal

          

Le frottis est un dépistage de masse et un geste simple .Il est pratiqué en dehors des règles, d'une injection vaginale, de la pose d'un ovule ou d'un rapport sexuel .Il est à réaliser tous les 2 ou 3 ans jusqu'à la fin de la ménopause, mais à maintenir selon le même rythme si traitement substitutif de la ménopause.

            *Technique : Autrefois le prélèvement était étalé sur une lamelle de verre. Actuellement l'utilisation d'une minuscule brosse autour du col permet la mise en suspension  des cellules recueillies dans un liquide. Cette seconde technique évite les mauvaises préparations du frottis, qui, auparavant étaient fréquentes .La patiente est installée en position gynécologique. Le médecin procède à la mise en place d'un spéculum.

Il fait un prélèvement en frottant le col de l'utérus, à l'aide d'une petite spatule ou d'une petite brosse. Pour que le frottis soit de qualité « satisfaisante », il doit porter sur la zone de jonction pavimento-cylindrique. Il s’agit de la zone de jonction entre deux épithéliums (tissus). En effet, les lésions cervicales débutent quasiment toujours dans cette zone, qui sépare l’épithélium exocervical (partie externe du col ou épithélium malpighien) de l’épithélium endocervical (partie interne du col ou épithélium glandulaire). Chez la femme ménopausée, un traitement préalable par oestrogènes (pendant 10 jours) est parfois nécessaire afin d’améliorer les conditions de l’examen.

Il peut exister, parfois, un léger saignement juste après la réalisation du frottis. Ce saignement est normal.

            *Fiabilité : Les faux négatifs seraient dans la littérature de 6 à 15%. Ces " anomalies " révélées lors du frottis dégénéreraient en cancer 1 fois sur 4. Des études du Docteur Vassilakos, Directeur du laboratoire de cytopathologie de Genève estiment qu'avec l'ancienne technique du frottis, 18% des femmes étaient reconvoquées pour examens complémentaires alors que le test liquide ne sélectionne que 7% de femmes à reconvoquer.


                 *Résultats

            En général, les résultats sont transmis à la patiente ainsi qu'au médecin qui a pratiqué le frottis .Leur délai d'obtention est variable, allant d’une semaine à un mois .Si la patiente ne reçoit pas les résultats, elle doit contacter son médecin pour qu’il les lui fasse parvenir .Si la personne ne souhaite pas recevoir ses résultats à son domicile, elle doit en informer son médecin .En cas de détection d'anomalie, le médecin doit prendre contact avec la patiente pour lui expliquer les résultats .Les résultats du frottis peuvent montrer :

-Un frottis de qualité non satisfaisante

-Certaines infections ou inflammations bénignes

-Absence de lésion malpighienne intra-épithéliale ou de signe de malignité (frottis normal)

-Anomalies des cellules malpighiennes 

           *ASC-US ; ASC-H

           *lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade (LSIL regroupant koïlocytes, dysplasie légère ou CIN I)

           *lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade (HSIL regroupant dysplasie moyenne et sévère ou CIN II et CIN III)

            *carcinome malpighien (cancer)

-Anomalies des cellules glandulaires

             *atypies des cellules glandulaires (AGC)

             *atypies des cellules glandulaires en faveur d’une néoplasie

              *adénocarcinome endocervical in situ (AIS)

              *adénocarcinome

b) Le test de Schiller


Cet examen consiste à faire un examen gynécologique du col de l'utérin , c'est à dire une observation du col au spéculum .Le médecin va donc badigeonner de col d'Iode à l'aide d'une compresse .Une réaction va donc se produire entre les sécrétions du col et L'iode(Commercialement appelé lugol).Si le col est sain , on observe une coloration jaunâtre uniforme sur le col de l'utérus ,on peut donc en déduire que toutes les cellules ont pu réagir avec l'iode .Néanmoins , si le col contient des lésions suspectes , l'on n'obtiendra pas une couleur uniforme ,on dit que le col est iodo-négatif .


 





c)La Biopsie

           

La biopsie sert à préciser l’état d’un col de l’utérus suspecté, au frottis ou à la colposcopie, de renfermer une lésion .Cela consiste à mordre, dans la chair, à l’aide d’une pince adaptée, des minuscules morceaux que l’on conserve dans un liquide spécial en vue de les faire analyser plus tard par un médecin spécialement formé à cela, le même qui examine le frottis. Si l’outil, la pince, est vraiment bien adapté, si les mors ne sont pas trop gros, la biopsie n’est pas ou est peu douloureuse. Il n’est généralement pas nécessaire d’anesthésier la zone .Il résulte souvent un saignement modéré de cette série de biopsie. Il est exceptionnel que l’on du cautériser la zone pour faire cesser le saignement .


2-Le traitement

Le traitement du cancer du col de l’utérus dépend du stade d’évolution de la maladie, de la taille de la tumeur, de l’âge de la patiente, de son état de santé général et de son désir de conserver sa fertilité.

-La forme la plus précoce du cancer du col utérin est le carcinome in situ (stade 0). Ce cancer est non invasif et peut être traité à l’aide de diverses techniques telles que :

*la cryothérapie : La cryothérapie en chambre est un traitement médical par le froid qui consiste à placer le corps du patient dans une pièce dont la température est d'environ -110 °C pendant une durée très courte (moins de 3 minutes). L'objectif est de stimuler le corps humain de façon à déclencher les réflexes de lutte contre le froid du corps humain et ceci sans blessures.

Lors d'une séance de traitement dans une chambre cryothérapique, le patient est équipé de manchons aux pieds et aux mains ainsi que de protection pour les oreilles et la bouche (les parties du corps humain les plus sensibles au froid). Au cours d'une séance, la température extérieure de la peau baisse d'environ une dizaine de degrés mais ne doit pas être en dessous de 5 °C. La température du corps humain reste quant à elle stable durant la séance.Au cours de la séance et en réponse au froid, le corps humain secrète des endorphines ce qui a pour effet de provoquer une analgésie.

       *la conisation : La conisation est une intervention qui consiste en l'ablation d'un fragment de tissu en forme de cône à la base du col de l'utérus et se pratique sous anesthésie loco-régionale telle que la péridurale, ou parfois sous anesthésie générale. Elle s'effectue par voies naturelles et fait appel au bistouri classique, au laser ou la cryothérapie. La conisation ne provoque aucune douleur post-opératoire, cependant il est recommandé de ne reprendre les activités quotidiennes que deux jours plus tard environ. Des saignements vaginaux se manifesteront durant une semaine environ. Mais s'ils deviennent trop abondants, il faut consulter rapidement. Il est conseillé d'attendre la visite post-opératoire (deux semaines, voire un mois) avant de reprendre une activité sexuelle. L'utilisation de préservatifs est recommandée durant le premier mois afin d'éviter tout risque d'infection. Cette intervention est fréquente et comporte peu de risque. A court terme, le principal risque est hémorragique et nécessite de consulter rapidement. C'est pourquoi le chirurgien laisse souvent en place une mèche dans le vagin.

  *le traitement au laser: C'est un rayon largement utilisé en médecine, dans plusieurs spécialités : dermatologie, gastroentérologie, gynécologie, ophtalmologie .Le rayon laser, selon l'énergie utilisée, brûle plus ou moins en profondeur la zone ciblée : peau, muqueuses, ...Cette technique permet d'abraser une surface et d'enlever très rapidement des lésions superficielles plus rarement l’hystérectomie (exérèse de l'utérus dans sa totalité).

-Au stade 1, la tumeur envahit les tissus sains avoisinants mais ne dépasse pas le col utérin.



Dans ce cas, le choix des traitements possibles est le suivant :

      *l’hystérectomie: c'est-à-dire l'ablation de l'utérus en totalité, des trompes et des ovaires.

     *la conisation

     *la radiothérapie interne ou externe : La radiothérapie est une méthode de traitement locorégional des cancers, utilisant des radiations pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. L'irradiation a pour but de détruire toutes les cellules tumorales tout en épargnant les tissus sains périphériques.

 

-Au stade 2, le cancer s’est propagé au-delà du col utérin mais demeure localisé dans la région pelvienne .Ici, le choix des traitements comprend :

      *une radiothérapie interne ou externe (curiethérapie)

      *une hystérectomie élargie avec ablation des trompes, des ovaires et des ganglions. Cette chirurgie peut être précédée ou suivie d’une radiothérapie ou d’une curiethérapie.


-Au stade 3, le cancer a envahi les tissus de toute la région pelvienne. La chirurgie n’est plus possible ; alors, une radiothérapie interne ou externe est combinée avec une chimiothérapie .La chimiotérapie consiste en l'utilisation de substances pour lutter contre le cancer .La majorité des substances chimiothérapeutiques fonctionnent par arrêt de la mitose (division cellulaire), en ciblant efficacement les cellules se divisant trop rapidement. Comme ces substances peuvent endommager les cellules, elles sont dites « cytotoxiques ». Certaines de ces molécules provoquent un véritable « suicide cellulaire » : l'apoptose.

-Enfin, au stade 4, le cancer a atteint d’autres parties du corps et relève alors de traitements plus lourds combinant radiothérapie et chimiothérapie.


3-Le vaccin


Le vaccin contre le VPH, le virus du papillome humain, existe sous 2 combinaisons .Le plus complet, quadrivalent (nom commercial Gardasil), protège contre les infections à papillomavirus de génotypes 6, 11, 16 et 18. L'autre vaccin, bivalent (nom commercial Cervarix), uniquement contre les génotypes 16 et 18. La vaccination contribue à diminuer le risque du cancer du col de l'utérus : VPH16 et VPH18 sont parmi les causes connues les plus fréquentes des lésions précancéreuses du col utérin ; le risque d'apparition de condylomes génitaux est également réduit par le vaccin quadrivalent (VPH6 et VPH11 sont responsables d'environ 90% de ces affections). Les 2 vaccins semblent réduire également le taux de cancers de la vulve et du vagin .La vaccination nécessite trois injections (0, 2 et 6 mois) et offrirait une protection supérieure à 6 ans. Son coût est important (environ 150 euros la dose en été 2007 soit un peut plus de 97000fcfa).Comme inconvénient, le vaccin a un coût excessif et ne garantie pas l'immunité contre le cancer du col de l'utérus.


4-La sensibilisation

Ces dernières années, plusieurs pays africains dont la Côte d'ivoire se sont dotés d'une politique concrète de lutte contre les cancers. En Côte d'ivoire par exemple, nous avons la création de la Commission Nationale de Lutte contre le Cancer(CNLC). Néanmoins des efforts restent à faire pour le cancer du col de l'utérus .Dans nos pays, nombreuses sont les jeunes filles sexuellement actives qui ne sont pas informés sur ce cancer. Une sensibilisation dans ce sens, comportant des points importants tels que :

-La reconnaissance de son cycle

-La gestion de ses rapports

-L'hygiène sexuelle

Pourrait être une arme à l'éradication totale de ce cancer.